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PARLE

D'après PARLE, suivi de Tais-toi, de Noémi Lefebvre, Gallimard, 2021

Une famille sensible et cultivée, un héritage, beaucoup de mauvaise conscience... Dans une langue poétique et férocement drôle, Noémi Lefebvre épingle la  petite bourgeoisie intellectuelle, ses hantises et ses faux-semblants.

ADA-Théâtre porte au plateau cette satire sociale à la fois tendre et acide, et ouvre des brèches vertigineuses dans nos fausses certitudes.

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Le teaser de PARLE

Teaser PARLE
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Festival
Scènes sur Seine 

Extrait & présentation

de PARLE

Du début à 8'50" :
E
xtrait du spectacle
De 8'50" à la fin : Présentation du spectacle et de la démarche de la compagnie...

Note d'intention

MA PART MAUDITE

Voilà longtemps que j'explore ce qui fait obstacle à notre émancipation, et bientôt à notre survie. Le patronat et le capital, la dette et la monnaie, l'Etat et sa police, étaient, dans mes spectacles précédents, des antagonistes intraitables, mais qu'il était possible de regarder "en face", comme hors de soi.

Avec Parle je choisis de regarder beaucoup plus près de moi : c'est toute une classe sociale, dont je viens et qui m'entoure, qui s'érige en rempart contre la métamorphose nécessaire du monde. Je la connais très bien, cette petite bourgeoisie cultivée, belle parleuse, si savante, qui n'ignore pas grand chose des fléaux qui condamnent ses contemporains et tout le vivant avec, mais n'envisage pas un instant de rompre avec le système. C'est le monde d'où je viens - ma famille. Je la fréquente, je m'en éloigne, elle me rattrape, elle me constitue, elle est ma part maudite.

Il me fallait passer par l'écriture d'une autre pour pouvoir venir si près de ce qui fait obstacle en moi, en nous : cette classe sociale-là est aussi celle qui peuple les fauteuils des théâtres, soir après soir. Elle forme l'essentiel du public à qui nous nous adressons de spectacle en spectacle. Il s'agit, cette fois, enfin, de nous connaître nous-mêmes, et de reconnaître la part que nous prenons au saccage du vivant. Et ce n'est pas triste.

PUISSANCE COMIQUE DE LA TRANSPARENCE

Cette mise à nu est souvent désopilante : on rit beaucoup à la lecture de Parle, parce que cette langue qui dit trop d'eux dit tout de nous. La parole, en s'écoulant d'eux comme à leur insu, livre des parts d'inavouable où nous nous retrouvons, coupables et libérés à la fois, riant de ce dévoilement qui nous interpelle sans nous assigner. Aussi la mise en scène n'entend pas tourner le dos à la puissance comique du texte, au contraire : les fautes de conjugaison dont Noémi Lefebvre a facétieusement parsemé son texte opèrent pour nous comme une invitation : jouer la faute, l'incident, la sortie de route.

Ce petit groupe familial si désireux de donner le change, qui se croit dans la Cerisaie ou dans une pub pour Ricoré, parvient mal à contenir ses dérapages et n'en finit pas de rater son coup. On lui voit à travers, c'est pathétique et furieusement drôle, c'est inquiétant aussi puisqu'ils nous ressemblent, mais ce n'est pas tragique ; c'est un exercice de lucidité, soutenu par une certaine exigence de vérité. Mené dans la joie, puisque nous cheminons dans le sillage de B. Brecht, qui nous a enseigné la pratique d'une "étude gaie et combative".

Création à la Manufacture des Abbesses
 

La presse

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